Mark Rothko ~ Une toile recouvre un néant d’être – Partie 1/2

Henry Elkman, Rothko dans son studio de la 53e Avenue à New York
Henry Elkman, Rothko dans son studio de la 53e Avenue à New York

I. Être à partir de rien
II. Un nouvel aspect du mythe archaïque
III. L’échelle des sentiments humains

I.       Être à partir de rien

 

Mark Rothko, Markus Rothkovitch, nait en Russie, en 1903, dans une famille juive sécularisée[i]. Son oncle d’abord, son père ensuite quitteront le pays pour vivre aux Etats-Unis. Quelques mois plus tard, le reste de la famille les rejoindra à Portland. Mais six mois après leur arrivée, son père meurt. Markus a neuf ans, et vivra son enfance dans une relative pauvreté.

Bon étudiant, il aurait pu se lancer dans des études d’avocat ou d’ingénieur. Il aurait pu devenir acteur de théâtre. Il aurait pu être musicien. Il ne choisira aucune de ces options.

En 1923, il prend sa décision : « Un jour, j’entre dans une classe d’art, pour rejoindre un ami qui suivait ces cours. Tous les étudiants dessinaient des esquisses d’un modèle nu, et right away, aussitôt, je décidai que c’était cela que je voulais faireand decided that was the life for me. »[ii] Il se sent en accord avec les « valeurs sensuelles et émotionnelles de l’art plus qu’avec les valeurs sans âme, soulless, de l’existence matérielle d’un avocat ou d’un ingénieur ».[iii].

L’art devient alors pour lui une « vocation sacrée »[iv] et pendant toutes ces années, il s’impose une discipline de pauvreté, de faim et de solitude :

Je devais devenir un grand peintre parce que j’avais trouvé une façon de vivre pendant trois jours avec une boîte de sardines, une miche de pain et une bouteille de lait que j’avais volée sur le palier d’un voisin.[v]

Épinglons ça. Devenir artiste, être peintre, vivre avec peu, vivre avec rien. Être à partir de rien.

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