Marguerite Duras, Le cahier rose marbré

Séminaire sur l’invention symptomatique Octobre 2014 Le sujet invente. Il y a une nécessité à ce que le sujet invente. J’aimerais vous montrer cela avec Marguerite Duras. Bien que le sujet ne soit pas sans Autre — c’est l’aliénation constituante —, le sujet n’est pas l’effet d’une cause. Marguerite Duras invente avec l’écriture, avec le théâtre, et avec le cinéma, la voix off, l’écran noir. Elle invente … Continuer de lire Marguerite Duras, Le cahier rose marbré

Amy Winehouse

Amy Winehouse Pour Zahava Seewald, directrice du Musée Juif de Belgique et Abigail Morris, Chief executive of the Jewish Museum of London   Elle naît le 14 septembre 1983. Elle meurt le 23 juillet 2011, à l’âge de 27 ans. Elle naît dans une famille juive peu pratiquante. Certes, le vendredi soir il y a le repas du shabbat chez son père ; certes son frère, … Continuer de lire Amy Winehouse

James Joyce ~ « — Hé, Stephanos! — Voilà le Dédale! »

James Joyce, Portrait de l’artiste en jeune homme, Chapitre IV I. La temporalité, les jours, les semaines, les mois, sont ponctués par des rites religieux, par des pratiques religieuses, par des exercices spirituels. Et Stephen Dedalus prie. Pourquoi prie-t-il, pourquoi va-t-il à confesse ? — parce qu’il ne sait pas dans quelle mesure il a obtenu « la rémission du châtiment temporel ». Et craint au contraire que sa … Continuer de lire James Joyce ~ « — Hé, Stephanos! — Voilà le Dédale! »

Stéphane Mallarmé, Résolution d’une crise

1866 – 1869, Crise. 1 Les poèmes « parnassiens ». 2 Déclenchement et résolution de la crise. 3 Hérodiade. 4 Une nouvelle poétique. 5 Le Beau. 6 Sonnet allégorique de lui-même. 7 Disposons sur notre table de travail les Poésies de Mallarmé (par exemple, celles commentées par Benichou dans son livre Selon Mallarmé), la Correspondance complète (par exemple, celle éditée par Bertrand Marchal), ses Divagations et autres … Continuer de lire Stéphane Mallarmé, Résolution d’une crise

Bacon et le choc de l’excitation

Plus j’avance dans l’approche du travail de Francis Bacon, plus m’apparaît comme s’imposant  — au-delà de sa peinture, au-delà des propos tenus sur ou par lui — son corps. Le corps de l’artiste. A découvrir un artiste, à me laisser prendre par lui, ce qui me touche, à côté de sa création, c’est ce qu’il dit de son corps, des sensations qu’il éprouve dans le corps, de … Continuer de lire Bacon et le choc de l’excitation

Paul Celan. Todesfuge. Le Méridien.

Paul Celan, Todesfuge I Schwarze Milch der Frühe wir trinken sie abends wir trinken sie mittags und morgens wir trinken sie nachts wir trinken und trinken wir schaufeln ein Grab in den Lüften da liegt man nicht eng Ein Mann wohnt im Haus der spielt mit den Schlangen der schreibt der schreibt wenn es dunkelt nach Deutschland dein goldenes Haar Margarete er schreibt es und … Continuer de lire Paul Celan. Todesfuge. Le Méridien.

Mark Rothko ~ Une toile recouvre un néant d’être – Partie 2/2

Rothko-Mural

IV. Un tableau contient une part de son être
Le problème de l’exposition des toiles
— Le spectateur, l’individu
— Fra Angelico et la communauté
V. Le succès
1957, The Four Seasons et la colère
1961, Rétrospective au MoMA
1960, De la Janis Gallery à la Marlborough Gallery
1965, The Houston Chapel
VI. 25 février 1970, le suicide

[LIRE ICI LA PREMIÈRE PARTIE DU TEXTE]

IV.    Un tableau contient une part de son être

Car, cette surface vibrante qu’il pose à la surface de la toile, vit de ce qu’elle contient une part de son être : « Je voulais me reconnaître dans mon œuvre.  Quand je me reconnais dans mon œuvre, alors je réalise qu’elle est terminée. »[i]

De nombreux témoignages de ses amis vont dans ce sens.  Stanley Kunitz pose un pas de plus qui  souligne une touche mélancolique de Rothko : « Je pense qu’il y avait un grand vide au centre de son être. »[ii] Motherwell souligne ce manque également et sa consolation par l’image : « Il était indifférent aux objets, au confort. Il était cependant physiquement agité, comme s’il était agité par quelque manque (lack). Sa grande source de consolation, c’était ses peintures qui maintenant créaient une image de lui-même en laquelle il pouvait se reconnaître. »[iii] Pour Morrow, c’est plus clair encore, une toile de Rothko, c’est un morceau de peau : « Ses peintures étaient sa propre peau pendue au mur. C’était des morceaux de vie qui ne pouvaient être comme ça, simplement échangés ou simplement oubliés. »[iv]

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Mark Rothko ~ Une toile recouvre un néant d’être – Partie 1/2

Henry Elkman, Rothko dans son studio de la 53e Avenue à New York
Henry Elkman, Rothko dans son studio de la 53e Avenue à New York

I. Être à partir de rien
II. Un nouvel aspect du mythe archaïque
III. L’échelle des sentiments humains

I.       Être à partir de rien

 

Mark Rothko, Markus Rothkovitch, nait en Russie, en 1903, dans une famille juive sécularisée[i]. Son oncle d’abord, son père ensuite quitteront le pays pour vivre aux Etats-Unis. Quelques mois plus tard, le reste de la famille les rejoindra à Portland. Mais six mois après leur arrivée, son père meurt. Markus a neuf ans, et vivra son enfance dans une relative pauvreté.

Bon étudiant, il aurait pu se lancer dans des études d’avocat ou d’ingénieur. Il aurait pu devenir acteur de théâtre. Il aurait pu être musicien. Il ne choisira aucune de ces options.

En 1923, il prend sa décision : « Un jour, j’entre dans une classe d’art, pour rejoindre un ami qui suivait ces cours. Tous les étudiants dessinaient des esquisses d’un modèle nu, et right away, aussitôt, je décidai que c’était cela que je voulais faireand decided that was the life for me. »[ii] Il se sent en accord avec les « valeurs sensuelles et émotionnelles de l’art plus qu’avec les valeurs sans âme, soulless, de l’existence matérielle d’un avocat ou d’un ingénieur ».[iii].

L’art devient alors pour lui une « vocation sacrée »[iv] et pendant toutes ces années, il s’impose une discipline de pauvreté, de faim et de solitude :

Je devais devenir un grand peintre parce que j’avais trouvé une façon de vivre pendant trois jours avec une boîte de sardines, une miche de pain et une bouteille de lait que j’avais volée sur le palier d’un voisin.[v]

Épinglons ça. Devenir artiste, être peintre, vivre avec peu, vivre avec rien. Être à partir de rien.

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Alexandre Scriabine ~ L’épreuve du désespoir

En 1900, au moment de l’écriture de la Symphonie n°1, première de ses trois symphonies, Alexandre Scriabine nous relate dans ses carnets une expérience qu’il a traversée quelques années plus tôt, qu’il a appelée « l’épreuve du désespoir ». Scriabine écrit, écrit beaucoup sa vie durant, et ses carnets nous donneront de le suivre, de l’accompagner dans la traversée, puis l’issue de son étonnante épreuve. Traduits du … Continuer de lire Alexandre Scriabine ~ L’épreuve du désespoir